« C’est par la photo et le fil que je m’exprime. Mon langage c’est le fil. Je tisse ma vie envers et contre tout. »Il n’a pas été facile d’être dyslexique et de ne pas le savoir. Pas simple non plus d’être la fille de « celui qui fait des cabanes », Jean Prouvé. Mais le poids de ce nom fut allégé par une éducation libre qui a nourri et encouragé la créativité de Simone Prouvé.
C’est le fil à coudre qu’elle tricote sous sa table d’écolière qui adoucit les trop longues heures d’école. C’est le fil à tisser qui la mène de Nancy à Paris, en Scandinavie, à la rencontre de maîtresses d’apprentissage remarquables. Ce sont ensuite les fils de lin, de coton, de laine qui composent les tapisseries d’ameublement et de décoration qu’elle livre aux architectes, designers, artistes : Charlotte Perriand, Le Corbusier, Bernard Zehrfuss, Steph Simon, Odile Decq, Claude Parent... Et enfin, les fils non-feu tissés qui épatent ces derniers et intéressent les industriels ; Simone, chercheuse sans répit, alors âgée de soixante ans, leur consacrera trente années de travail.
Fil après fil, Simone a bâti une œuvre qui oscille entre design, architecture et abstraction, et qui a interpellé toutes les personnes avec lesquelles elle a travaillé, créé, innové. Cette vie de création lui a valu la reconnaissance du Musée national d’Art moderne - Centre Pompidou qui a fait l’acquisition en 2021 d’un ensemble de pièces pour ses collections permanentes.
Son histoire, c’est à Muriel Seidel, une lissière d’un autre genre, que Simone a accepté de la raconter. Ensemble, elles ont tendu la chaîne de ses souvenirs et Muriel a tissé avec la trame des mots, des émotions et des photographies de Simone ce livre unique.